90-10

Avoir des enfants, c’est accepter de se coller une vie de contraintes. On pense qu’on n’aura de contraintes qu’au moment de la petite enfance, mais que nenni, à chaque âge ses contraintes.

Même mes parents, désormais grand-parents, continuent à subir les contraintes de leurs propres mômes, pourtant adultes – éternels boulets sympathiques que sont les enfants.

90-10. 90% de moments de contraintes et 10% de moments de kif, qui, comme par magie, annulent dans le cerveau parental les problèmes engrangés les 90% du reste du temps.

Ce « tri sélectif » démarre d’ailleurs dès les premiers instants : chez un nombre significatif de femmes, la douleur de l’accouchement est à la fois effacée par les endorphines et la joie de tenir son bébé contre soi. Je me suis fait la même réflexion hier soir.

On venait de passer un moment pénible, temps maussade de fin de vacances, les filles fatiguées et fatiguantes… et hop un p’tit moment magique qui efface tout le reste d’un coup. Je vous explique.

L’un des CD qui tourne dans la voiture en vacances, c’est le futur album de Ben Mazué et forcément, Lyna finit par le connaître par coeur.

– Ah un moment, il dit un gros mot, tu sais !
– … Ah bon ?

Effectivement, à un moment de la chanson Papa, Ben Mazué dit « putain pourquoi j’suis persuadé… qu’tu s’ras une fille ? ». Je l’ai bien capté, ce « putain », j’ai bien entendu aussi que Lyna le dit avec lui à chaque fois qu’elle le chante – sans jamais lui faire remarquer, mais va savoir pourquoi, elle décide de me faire part de cette information à ce moment-là alors qu’elle fredonne cette chanson depuis des semaines.

– Oui oui… j’vais te dire quand c’est, attends… (la chanson se déroule)… regarde c’est à peu près là…

Et là, instant de grâce : le fameux « putain » arrive, je suis au volant, je la regarde dans le rétro et je la vois, les yeux grand écarquillés en train de me regarder, le doigt en l’air, comme pour me dire « t’as entendu ? c’est là ! »… ça m’a fait tellement rire (bêtement).

Voilà. C’était mes 10% qui compensaient tout le reste. En me relisant, j’me rends compte à quel point c’est très mal expliqué, que vous devez avoir du mal à ressentir le pied que j’ai pris ce moment-là, mais je m’en fous, j’me le note et quand je relirai ce blog dans 25 ans, je me souviendrai de ce p’tit regard dans le rétroviseur.

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