Lors de cet entretien avec les fondateurs de Topito, Laurent et Benoît expliquaient qu’ils se considéraient comme des « artisans du web ». Si nos deux médias ont eu des parcours assez similaires (boîte autofinancée, ton enlevé et décomplexé, fort lien avec sa communauté), je crois que ce qui les rapprochent le plus est cet aspect artisanal.
Je respecte énormément les artisans, le côté « fait à la main », taillé sur mesure, qui prend le temps, pour finir par en faire le meilleur produit possible. C’est très très compliqué de se rendre compte du travail qu’il y a derrière, avant de toi-même te mettre à l’ouvrage.
J’ai façonné madmoiZelle de la sorte. Je sais aussi que beaucoup de personnes croisées sur mon chemin pendant toutes ces années ont pu s’arrêter à l’aspect extérieur de mad : ok un nom de magazine pour ados, avec un Z majuscule pfffrt, avec des couleurs vives, des meufs qui ont des pseudos chelous, et qui parle de mode et de beauté. « Blaaaah un énième magazine féminin à la con ».
Je crois aussi que je passais pour un zozo auprès de pas mal d’acteurs du marché qui se prenaient trop au sérieux, mais peu importe, parce que moi, je savais ce que mad apportait à son audience.
C’est sûr que de l’extérieur, présenté comme ça, je comprends. Mais la plupart de ces gens ne s’arrêtaient jamais qu’à la surface, sans chercher à creuser plus loin, à gratter un peu le vernis pour chercher la vraie valeur de mad, sa ligne éditoriale très touffue et son « contrat de lecture », et surtout mesurer l’impact de mad sur ses lectrices (et lecteurs) (je vous oublie pas, les mecs) et l’amour qu’elles et ils lui rendaient — je parle au passé parce qu’obviously, je n’y suis plus, je ne reçois plus ces messages d’amour.
Je crois que même Humanoid, la boîte qui a racheté mad, ne s’en était pas rendu compte, alors que bon… ils avaient pourtant bien creusé le sujet. L’un des fondateurs me l’a confié le jour de l’annonce du rachat : « on n’imaginait pas que l’annonce aurait un tel impact ». Beh oui. Moi je savais. Ça prend du temps à bâtir, tout cet amour.
Forcément, ils ne pouvaient pas savoir. Il fallait être de notre côté pour s’en rendre compte.
Je suis heureux aujourd’hui, parce que je crois que je réussis à refaire la même chose avec mes podcasts. De l’extérieur, c’est des gens qui parlent dans un micro. Pas de qualité audio broadcast chez moi, pas de studio ultra hi-tech, juste deux micros, un enregistreur, un canapé confortable où il fait bon s’asseoir, un café un thé ou un verre d’eau et deux filtres pour éviter de capter la radio dans ses putains de micros parce que depuis mon canapé, on capte la radio (allez comprendre). Ça suffit largement. J’imagine qu’une fois de plus, je passe pour un zozo pour tout un pan de l’industrie du podcast.
Mais depuis l’intérieur, je reçois des messages fabuleux de la part de mes auditrices et auditeurs. Ça me chavire à chaque fois.
Thibaut, qui a travaillé sur la nouvelle charte graphique des podcasts (elle te plaît ? n’hésite pas à me dire), nous a fait faire, à Jenna et à moi, un brainsto, où il a fini par écrire « comment faire de la création de haut-vol depuis son canapé ? ». J’ai trouvé que ça correspondait bien à mon amour du travail artisanal.
Un immense merci pour l’amour que tu m’envoies d’une manière ou d’une autre, ça m’alimente énormément. J’en profite d’ailleurs : si tu as un iPhone, mes podcasts adorent 5 étoiles et un cool commentaire 🙂