On pouvait difficilement choisir un plus mauvais timing, mais je crois que personne n’avait vu venir le confinement fin 2019.
Quand on a décidé de se séparer avec Cath, je n’imaginais pas que je resterais pendant plusieurs semaines éloigné de nos filles, à peine 10 semaines plus tard. J’étais heureux de pouvoir redémarrer une nouvelle vie avec elles.
Mais le coronavirus est allé à toute vitesse, et avec lui ce confinement alors qu’on était à peine en train de trouver nos marques, de recréer une dynamique à trois, de leur acheter des chaussons pour mon appart parisien, histoire qu’elles se sentent (aussi un peu) chez elles. Tout ce bel élan s’est arrêté brutalement.
Le jour de l’annonce du confinement, j’ai dû faire un choix : rentrer à Lille vivre avec elles — Cath me l’avait gentiment proposé — ou choisir de ne pas voir les filles pendant au moins 6 semaines (t’es sympa Macron, mais j’y croyais pas à tes 15 jours annoncés initialement).
J’ai laissé parler mon intuition et décidé de ne pas me confiner avec elles, pour plein de raisons, et je crois que j’ai très bien fait. On aurait sans doute fini par se détester avec Cath, enfermés dans cette maison.
Sacrifier notre relation future juste pour passer quelques semaines avec les filles, c’était un mauvais calcul moyen-long terme, et même si ça a été compliqué par certains moments, je suis bien heureux d’avoir pris cette décision à l’époque.
On s’est vus à deux reprises pendant ces deux mois, d’abord 5 semaines plus tard. Cath m’a gentiment proposé de venir (tellement heureux d’avoir fait mes enfants avec une femme intelligente), j’ai pris le risque de faire l’aller-retour à Lille pour passer le week-end avec elles. Mais ce n’était pas pareil d’être dans ce qui n’est plus ma maison désormais. Et Cath était bien sûr présente, ce qui ne nous permettait pas avec les filles de nous réinventer une vie à trois.
Depuis quelques semaines, on a retrouvé un rythme normal. Elles viennent un week-end sur deux, comme prévu. C’est peu, mais c’est compliqué de faire autrement actuellement : les filles ont leur vie sociale à Lille, j’ai ma vie sociale et professionnelle à Paris, je ne veux pas non plus les déraciner, elles n’ont pas choisi cette rupture. Bref, on compose, et on va s’adapter avec le temps.
En attendant, ces derniers week-ends parisiens ont été compliqués : j’en attendais beaucoup trop, je voulais rattraper ce temps perdu, ces week-ends volés par cette saloperie de virus.
De leur côté, les filles appréhendaient un peu de sortir – il y a beaucoup de monde dans les rues parisiennes, on finissait par rester tous les trois coincés dans mon appart, à passer trop de temps sur leur tél à mon goût (saloperie de tiktok), sans que je ne trouve réellement de moyens de leur sortir la tête de leur téléphone (nota bene : tu ne vaux pas un rond en tant que parent comparé aux potos qui écrivent sur insta et snapchat – c’est un fait, deal with it).
Le temps, justement. Ce qui nous manque à trois depuis le début de l’année. Cath m’a donc proposé de venir passer le dimanche à Lille pour la fête des pères, et m’a suggéré de les emmener se balader sur la côte belge (endroit chéri de mon cœur). Quelle idée merveilleuse.
On a passé une journée géniale. À rire, à discuter, à échanger, à chanter très fort sur « Stuck in the Middle With You » dans la voiture, avant que je leur explique la présence de cette géniale chanson dans Reservoir Dogs, suivi d’un topo sur Tarantino (Kill Bill, c’est bien interdit aux -16 ?). On a mangé des moules-frites, puis on a loué des karts à pédales sur lesquels on a fait les zozos, puis on a avalé une glace, avant d’aller chahuter sur la plage. C’était COOL et ça me redonne de l’espoir dans notre petit trio.
On va partir en vacances un mois tous les trois cet été. J’ai hâte de passer du temps avec elles sans avoir la sensation que le week-end se termine bientôt et qu’il faut en profiter vite-vite-vite avant qu’elles ne reprennent leur tgv.
Et puis ça va aussi être l’occasion de se créer des souvenirs à 3, qu’on a trop peu eus ces derniers mois. Depuis quelques années, on se prenait une semaine à trois en août pendant que Cath retournait bosser. C’était toujours des moments savoureux, j’ai hâte de pouvoir les retrouver et prendre le temps de prendre le temps, mes deux grandes ados <3